Merci Donald ! Maria Leo

Ces derniers mois j’ai rencontré dans mon cabinet un certain nombre de parents fatigués, exténués, inquiets qui ont témoigné de leurs difficultés à assumer leur rôle surtout étant donné toutes les conséquences difficiles de la période particulière que nous traversons.

Le télé-travail, le confinement, le déconfinement, le régime scolaire hybride, le vaccin, la peur du Covid, le sentiment d’impuissance (et j’en passe) ont amené un certain nombre de personnes à réorganiser leur vie et à se poser des questions, entre autres, quant à leur fonction de parents. Certains réajustements se sont avérés positifs, ils ont permis de revenir à un mode de vie différent qui possède aussi des avantages (voir article de Clotilde Jacquet) et qui a enclenché certaines réflexions profondes sur les valeurs que nous souhaitons davantage soutenir, respecter ou encourager.

Indépendamment de cette pandémie, les questions autours de la parentalité ont toujours été présentes et elles évoluent en fonction du contexte, de l’époque et des événements que nous traversons. Qu’il s’agisse de parentalité biologique, de parentalité adoptive, d’homoparentalité, de parentalité en tant que célibataire ou de parentalité gémellaire, il existe désormais une quantité innombrable de spécialistes, d’intervenants, de livres, d’articles, de théories, de formations et de blogs qui nourrissent ceux qui souhaitent s’informer, se former, apprendre… 

Et pourtant, tout au long de ces trois dernières décennies, quand j’ai rencontré Céline, Alessandra, Isabelle, Werner, Pierre et tant d’autres, c’est au cher Donald Winnicott que j’ai pensé et c’est toujours lui qui m’accompagne tacitement ou pas dans mes interventions et même dans mes mappings lorsque la parentalité pose question ou quand elle fait souffrir.

Ce brave pédiatre et psychanalyste britannique ( 1896-1971) a consacré sa vie à  observer les interactions mère-enfants et il a élaboré de très intéressantes théories concernant le développement psychologique et émotionnel de l’enfant. Son apport a été grandiose et je m’excuse d’avance si je ne lui emprunte ici qu’une seule notion celle de « the good enough mother » qui a été traduit en français par «  la mère suffisamment bonne ».

A l’origine il s’est agit d’un titre de 9 émissions radio à la BBC qui ont eu lieux en 1949 et où Winnicott abordait le sujet de la parentalité et en 1953 il a publié une œuvre avec le même titre. Ce concept est primordial et résonne fortement dans mes pensées lorsque la personne devant moi se demande s’il ou elle est ou a été ou sera un bon parent d’autant plus si je me retrouve devant une personne  atteinte du syndrome de l’excellence… En effet, dans le mapping, on retrouvera une pensée entrante souvent sous forme de question : suis-je un bon parent ? on retrouvera aussi sans doute une flèche entrante au niveau des émotions et plus spécifiquement sous forme de peur de mal faire avec ou sans flèche entrante indiquant la présence de culpabilité et il est aussi probable qu’il y ait une flèche entrante au niveau des sensations/symptôme sous forme de fatigue extrême ou de stress. Et lorsque on recherche les TR, on peut aisément être confrontés aux TR comportement qui se traduisent par tout prendre en charge et qui sont soutenues par les TR pensées au niveau du contenu qui se traduisent par : « je dois être un bon parent ou plutôt un parent parfait, un parent à 10/10 ».

Et c’est précisément à ce moment-là que le recadrage «  vous voulez dire un parent suffisamment bon ? un parent à 6 ou 7/10 ? » peut avoir un effet intéressant sur la Vision du Monde du client et par conséquence sur la perception du problème et donc, in fine sur sa souffrance. On peut alors expliquer que Donald Winnicott a mis en évidence très clairement que le bon parent est celui qui répond évidemment aux besoins de son enfant ET qui laisse la place aussi au manque et à la frustration. Ce sentiment de manque et de frustration permettra à l’enfant de ressentir le désir et l’envie et le poussera à s’exprimer, à agir, à s’efforcer,  à accepter les contraintes et DONC à s’adapter à la réalité. 

Merci Donald, tu m’as permis d’amener progressivement Céline, Alessandra, Isabelle, Werner, Pierre et tant d’autres à lâcher prise et à vivre leur parentalité avec davantage d’indulgence et donc de sérénité. 

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