Quand l’autre est le problème… par Marina Blanchart

Une consultation sur trois porte sur comment l’autre me fait souffrir… L’autre, cela peut être un mari que j’aime pourtant tellement, un enfant qui est ce que j’ai de plus cher à mon cœur ou un collègue, un manager que j’apprécie plus ou moins. L’autre peut aussi être une belle-mère cruelle, , un jeune qui me harcèle, une collègue qui m’agace prodigieusement ou un ex qui ne décolle pas et menace de se suicider si je ne reviens pas vers lui. Une consultation sur trois touche à un problème relationnel, au moins une sur trois…

En tant que psychologue, ce type de demande peut sembler simple ou complexe, on peut avoir envie de recadrer ces demandes. On peut être tenter de freiner, de parler de la télécommande à changer l’autre qui n’existe pas, ce serait si simple… or, si on peut changer l’autre, on peut déjà changer notre relation à l’autre pour qu’il soit conduit à réagir autrement… Comment ?

Ma patiente, Julie, vient car son compagnon s’occupe peu des enfants. Elle prend tout en charge et elle aimerait pouvoir compter davantage sur lui. Cela génère des tensions. Elle a lu quelques livres féministes et défend qu’il n’y a pas de raison pour qu’elle porte toute la charge mentale en plus de son boulot ! Il dit qu’il va tenter d’en faire plus. « Ce n’est pas un mauvais bougre », dit-elle avec tendresse, mais il n’y arrive pas… il est en retard pour aller chercher l’ainé à l’école, il oublie les affaires de piscine quand c’est lui qui emmène les enfants le matin… Elle a déjà crié, pleuré, geint, elle lui a expliqué calmement, lui dresse des listes et colle des post it, rien ne fonctionne !! Elle consulte épuisée, à bout de lui, à bout des enfants et au bout de sa vie… Finalement, elle se calme, reprend en charge en ruminant…

Mon coaché, Grégoire, fulmine : son collègue lui refile un maximum de la paperasse à traiter ! Il se retrouve à devoir déborder de ses heures pour gérer un administratif qu’il déteste et le mot est faible !! Il lui dit qu’il ne veut plus mais finit par le faire de peur que le travail ne soit pas remis dans les temps.

Et Gaëtane, elle, ne sait plus comment gérer Hugo, son fils qui ne range rien !! Elle n’en peut plus, tient le coup un temps avec le désordre, puis finit par ranger pour qu’au moins la personne qui nettoie puisse effectuer son travail.

Ils sont fatigués de vouloir que les choses bougent, ils ont l’impression d’avoir mis leurs limites et que cela n’est pas entendu. S’emmêlent la colère, la déception ou la tristesse de ne pas se sentir respecté…

Après avoir questionné et saisi cette boucle interactionnelle : Vous dites que cela ne vous convient pas mais vous acceptez ce qui n’est pas ok pour vous et vous permettez donc à l’autre de poursuivre, de poursuivre à sa manière, à vous déléguer ce qu’il ne souhaite pas faire.

 

Dans tout problème relationnel, on est face à 3 possibilités de 180° :

  • Soit je rompt la relation : je me sépare d’un conjoint, j’arrête de voir ma mère, je change de boulot, je vire ce collabodispute entre personnesrateur qui ne me convient pas. C’est un 180° par rapport à accepter les choses sans mettre de conséquences : je n’accepte plus et je mets une conséquence majeure. Cette possibilité n’est évidemment pas vraiment réalisable avec nos enfants. Il ne nous reste que les deux alternatives suivantes avec eux.
  • Soit je décide d’accepter la manière dont ça se passe : je préfère ne pas me battre et y mettre de l’énergie vaine. Je vais être plus zen et prendre sur moi, car je n’y changerai rien. Les gens ne changent pas… C’est un 180° par rapport à dire à vouloir que l’autre change et c’est parfois très adapté. Cela a permis à une de mes patientes de lâcher ses récriminations sur son beau-fils et la relation a pu s’apaiser, à d’autres d’accepter qu’une mère âgée réagisse comme elle réagit en arrêtant de s’épuiser à vouloir la transformer…
  • Soit je tente de changer l’autre car c’est impossible de continuer ainsi. Et c’est un 180° par rapport à tolérer sans mettre de conséquences réelles, impactantes pour l’autre.

Le plus souvent les personnes prises dans ce type de situation naviguent à vue entre les 3 positions ci-dessus. Elles peuvent certains jours ou même juste à certains moments se dire « je n’en peux plus, je le quitte ! » et très vite ensuite, se convaincre qu’il vaut mieux accepter, que l’autre ne changera pas de toute manière ou passer au troisième choix, il/elle doit changer, ce n’est plus possible ! Je vais le lui dire, lui expliquer, m’énerver… Et à force de tourner, il y a un épuisement qui s’installe sans aucune avancée majeure.

Quand je présente les 3 alternatives au patient, il me dit souvent : on ne change pas les gens ! A quoi, je réponds que je ne ferais pas mon métier si je pensais de cette manière ! Effectivement, on peut les changer s’ils veulent changer… et là, je pose ma question préférée : « quel serait l’avantage de votre mari à bien faire les tâches ménagères ? », « quel serait l’avantage de votre collègue à faire lui-même l’administratif ? », « quel serait l’avantage de votre fils à ranger sa chambre ? »

C’est un grand blanc qui me répond ou parfois « pour m’aider… » d’une manière un peu dubitative…  et effectivement, on réalise rapidement qu’il y a peu d’avantages…

J’assène donc : « il ne changera donc pas ! »

Un silence…

Je poursuis : « sauf si on lui met des inconvénients à continuer de cette manière… »

Souvent, un sourire se dessine et l’espoir revient…

Je ne le laisse pas trop fleurir et je dis « à voir si c’est possible… » et je reviens avec mes trois possibilités : rompre la relation, accepter ou tenter de mettre de l’inconfort à l’autre plutôt que d’avoir tout l’inconfort de notre côté ?

Ce choix est capital car l’idée est d’arrêter la tergiversation entre les trois qui est source de perte d’énergie et de découragement. C'est déjà un 180° de se choisir une ligne de conduite quand on tourne en rond depuis des jours, des mois, voire davantage.

On peut donner ce choix en tâche pour que la personne prenne bien le temps d’y réfléchir. Et surtout, cela peut me permettre de rester dans le non vouloir, car il pourrait être tentant de conseiller une des voies… alors que les trois peuvent être bonnes. Tout dépend du patient/coaché, de l’autre et du contexte.

Quand le choix est fait, il nous donne la ligne directrice de l’intervention :

  • Travailler un départ et les deuils que cela engendre.
  • Travailler l’acceptation qui est faite d’autres deuils
  • Ou travailler le changement de l’autre au travers d’une stratégie, souvent en position basse pour sauvegarder la relation, parfois en position haute quand le lien peut être rompu, souvent en exploration de ce qui va toucher l’autre pour mettre les conséquences au bon endroit et prévoir le fait que cela va être difficile, l’autre ne va pas accepter comme ça de changer. Il y aura peut-être des tensions, de la colère, mais c’est normal si je l’ai toujours maintenu dans le confort, ces conséquences volontairement désagréables ne vont pas le faire rigoler !

Parfois, malgré les conséquences, les inconvénients, rien ne bouge et on doit revenir vers l’un des deux autres choix. Parfois aussi, le choix d’accepter tient un temps et soudain, c’est la goutte, on ne supporte plus…

Aucun choix n’est définitif ! C’est parfois aussi en partant, en quittant le relation qu’elle change peut-être que c’était la seule conséquence qui était suffisamment lourde pour l’autre, mais il se peut qu’il soit trop tard pour la retrouver… ou non ?

La vie n’est que surprises et challenges et nos accompagnements sont donc une suite d’adaptations riches pour chacun…

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