Quand la tête dit oui et le corps dit non par Florence Castiaux

Avez-vous déjà eu cette sensation bizarre de tiraillement entre votre corps et votre esprit ?

Votre tête souhaite réaliser un projet, faire quelque chose qui semble logique ou raisonnable et votre corps ne vous le permet pas. Il utilise son droit de véto.

Dans ma pratique, je constate souvent cet état inconfortable que peuvent ressentir mes patients.

Une sensation de se sentir bloqué, emprisonné.

Dans cet article, je vous illustre ce ressenti par le truchement de deux exemples concrets :

Aline vient chez moi car elle est célibataire et aimerait rencontrer l’âme sœur.

Assise dans sa cuisine, elle se perd dans ses pensées. La chaleur de sa tasse de café vient réconforter ses paumes. Seule comme chaque matin, ce sentiment la hante. Quand vais-je enfin réussir à trouver l’âme sœur se dit-elle ? Cette tristesse l’envahit. Son corps a froid et la surprend de petits tremblements. Ça va aller ! Cette situation ne peut pas durer éternellement. Je ne suis pas la dernière des mochetés et je ne suis pas si bête non plus. J’ai tout de même un master en biologie. Ce soir je me lance ! A cette soirée prévue chez Jean, il paraît qu’il va y avoir de nouvelles têtes. Il a invité 50 personnes pour ses 30 ans. Je vais certainement y trouver quelqu’un à mon goût !

Aline prépare ses affaires et se rend au travail. Une journée pleine d’espoir la porte aujourd’hui. A 19h, Jean ouvre la porte d’entrée de sa maison et l’accueille les bras ouverts. Quelle chance elle a, se dit-elle, d’être si bien entourée. Après quelques discussions, Gaspard s’approche. Pas si grand et un peu perturbateur. Ils commencent à discuter. Aline, reconnait ses sensations bizarres au fond de son corps. Son cœur s’accélère, une boule se durcit dans son ventre. Sa gorge se serre. Sa tête par contre essaie de se concentrer sur ce que Gaspard lui dit. Non, non, non il ne faut pas que ça recommence ! Je ne veux plus ressentir ce stress. La zone sensible est transgressée, il a passé la frontière de sa zone d’intimité. Un peu trop proche, ça la met mal à l’aise. Elle étouffe, ce besoin d’oxygène se fait de plus en plus pressant. Elle essaie de se contenir et de ne pas ressentir. Elle essaie de refaire les gestes que sa psy lui a conseillés afin de reprendre ses esprits. Respirer , se concentrer sur quelque chose….

Elle a complètement perdu le fil de ses pensées. Elle est larguée dans la discussion. C’est foutu,Gaspard la regarde bizarrement. Il lui repose une question à laquelle elle ne trouve pas de réponse. Son cerveau est en alerte total ! Elle va se faire démasquer. Pourvu qu’il ne capte pas qu’elle est dans cet état ! Quelle gène ce serait !!!

Elle n’a pas d’autres choix que de s’en aller. En inventant un prétexte grotesque elle arrive à s’en tirer. Ne laissant qu’un faux numéro à son combat de la soirée afin de s’assurer qu’elle ne devra plus jamais le revoir.

Seule à nouveau, elle s’en veut énormément. Elle se sent vraiment nulle et incapable de rencontrer quelqu’un !! Ce n’est pourtant pas si compliqué se dit-elle ! Je ne comprends pas ce qui m’arrive.

José me contacte car il est en Burn out et souhaiterait que je l’aide à retrouver une certaine sérénité.

José a du mal à se réveiller. Il y a quelques semaines, il se levait chaque matin avant toute la famille. A 7h17 il était parti sur son vélo pour être certain d’être le premier au taquet pour gérer les dossiers. Cela fait 13 ans qu’il est consultant et qu’il met toutes ses tripes pour faire avancer des affaires importantes. C’est essentiel pour lui !

Aujourd’hui il est au lit. Sa famille est déjà partie depuis une heure. Il a à peine pu lever sa tête pour embrasser sa femme et ses enfants.

Ce n’est pas venu d’un coup, cela faisait quelques semaines ou peut-être même des mois que quelque chose avait changé.

Il était très fatigué. Et puis quand ses enfants le sollicitait, il sentait que sa patience était mise à l’épreuve. Il s’en veut d’ailleurs car il s’est énervé sur eux à plusieurs reprises.

Plusieurs fois sa femme lui a dit qu’il en faisait trop. Mais elle ne pouvait pas comprendre que c’était important qu’il garde le cap.

Il n’est plus capable de se lever et même plus en état d’aller conduire ses enfants à l’école. Cette fatigue intense se répand dans tous ses membres. Son corps est si lourd qu’il a l’impression d’être fait de béton. Et c’est là que commence la lutte entre son esprit et son corps. Il se sent tellement nul de ne plus savoir rien faire de bon. Il s’en veut tellement. Et tous ses dossiers qui attendent sur cette pile au bureau. Personne ne va pouvoir le remplacer et défendre ses clients aussi bien que lui. Et puis, si un jour il arrive à retourner au boulot, qu’est ce que les gens vont penser ? Ils vont avoir l’impression qu’il les a abandonnés.

Il commence à sentir des palpitations, sa tête tourne, la nausée monte. Il va s’en doute refaire un malaise. « Je dois me calmer » se dit-il, « arriver à faire partir ces sensations ». Je suis quelqu’un de fort ! Je dois me forcer à me lever ! »

Dans ces deux exemples nous avons des personnes qui vivent une lutte entre leur corps et leur esprit. L’esprit essaie de contrôler le corps. Cela semble avoir fonctionné pendant un temps. Même trop longtemps. Mais là le corps a pris le dessus. Il a pris le contrôle total de la situation.

Je remarque que dans ces deux exemples, il y a le problème de base qui fait souffrir la personne. Mais il y a un point commun chez les deux, c’est la façon dont ils vont réagir à leur problème.

Aline essaie de ne pas ressentir ce sentiment d’intrusion dans sa zone d’intimité.

José, essaie de se lever et continuer à faire ce qu’il a toujours fait, en faire trop.

Dans les deux cas, les symptômes physiques ne sont pas entendus, et pas reconnus. Et plus ils vont essayer de les faire partir, de les éviter ou de les cacher, plus ceux-ci auront besoin de s’exprimer de plus en plus fort !

Mon rôle, en tant que thérapeute a été de les amener à prendre conscience de ce mécanisme qui ne fait qu’amplifier ce qu’il essaie de faire partir : l’expression de leur corps. Alors pour les aider à reprendre un peu le contrôle sur ces ressentis, je les emmène dans un nouvel univers. Un espace où il vont apprendre à se connecter à ce qui se passe en eux. Faire confiance en leur corps qui est en réalité un véritable allié.  En allant voir à l’intérieur , en laissant s’exprimer les cellules, elles auront moins besoin de crier la prochaine fois pour se faire entendre.

En fin de cette première séance avec Aline, je lui ai proposé comme tâche, pour la prochaine fois, de changer son comportement face à ces réactions physiques qui la bloquent. Pour l’instant lorsque son corps s’exprime, sa réaction est de cacher ce qu’elle ressent. Elle se met la pression pour trouver les bons mots et elle finit par fuir. Je lui suggère alors de se confronter à un rendez-vous avec un homme. Comme première étape avant de changer quoi que ce soit, je lui propose de prendre quelques secondes lorsque les premiers symptômes arrivent pour aller à leur rencontre. Ensuite d’écouter le message que son corps lui envoie. C’est en faisant cet exercice que nous avons pu mettre en évidence toutes les peurs qui la hantaient et dont Aline n’avait pas encore conscience. Notamment, la peur de ne pas dire des choses intéressantes, peur d’être jugée et aussi peur de s’engager. Cela nous a permis de déconstruire ses peurs non pas en les évitant mais en la préparant au fait que ça arrive.

Lors du prochain rdv elle s’exercera à dire des choses mêmes dénuées de sens et à affronter le regard et jugement de l’autre.

En fin d’accompagnement elle regarde le chemin parcouru et se réjoui de se sentir libre d’être celle qu’elle est au fond d’elle-même en étant appréciée ou non par les autres.

Pour José, je lui ai montré en fin de séance que chaque fois que sa tête disait à son corps de se taire, son corps avait besoin de crier plus fort pour se faire entendre. Il a l’impression que si il prend le temps de se reposer il montrera des signes de faiblesse. Ma peur à moi c’est qu’en continuant comme cela il risque de ne plus savoir se lever du tout.

En fin de séance, je lui ai proposé de prendre le temps à chaque fois qu’il ressentait ce tiraillement entre son corps et son esprit, de noter ce que son corps avait à dire et ce que sa tête exprimait. De donner autant de place à l’une et l’autre partie.

Nous avons alors travailler sur une reprise d’activité mais petits pas par petits pas. Qu’il puisse recommencer à faire des petites choses du quotidien mais dans une juste mesure. Étape par étape, il a pu reprendre des forces et reprendre confiance en ses capacités grâce à ces petit moments d’accomplissements. D’un autre côté, nous avons également dû travailler sur ses croyances. Prendre du temps pour lui et mettre ses limites représentait une faiblesse. Aujourd’hui il a pris conscience que c’était un vraie force personnelle !

Florence Castiaux

 

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